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Epiphane
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Interview - Mila Fürstová Pt.1

L'exposition d'art « Ghost Stories » qui présente les œuvres originales de Mila Fürstová pour l'album, se déroule à Londres jusqu'au 7 décembre. L'exposition gratuite a lieu au 17 Osborn St ; Shoreditch à Londres et est ouverte de 11h à 20h. Vous pouvez aussi achetez les œuvres sur le site internet de l'artiste. Tous les fonds récoltés seront en faveur de l'association Kids Company qui vient en aide aux jeunes défavorisés.

En avance de l'exposition, nous avons appelé Mila pour en savoir plus sur son travail.

mila800Bonjour Mila, comment allez-vous ?
Je vais très bien, merci

Comment avez-vous commencé à être impliquée avec Coldplay ?
C’était mon agent, Fraser qui dirige Album Artists. Il m’a téléphoné il y a environ deux ans et m’a dit qu’il y avait une très légère chance que Coldplay aime mon travail et que je pourrais travailler avec eux.

Qu’est-ce que vous avez dit ?
J’ai juste pensé, « Oh Fraser, tu es un tel un cadet de l’espace, où as-tu trouvé cette idée ? » Et puis il est parti et a rapidement rassemblé quatre de mes pièces pour les emmener à la Bakery pour montrer à Coldplay et je pense que tout est parti de là. Mais en même temps, il y avait un autre contexte car Phil Harvey et sa femme avaient déjà deux pièces de mon travail car ils étaient venus totalement au hasard dans une galerie. Et je pense que Fraser leur a une fois livré une pièce et qu’il avait vu une des miennes dans leur maison. Une coïncidence totale.

Donc comment cela a progressé en « cela pourrait arriver » ?
Ok, donc c’était l’été en 2012 et j’avais un bébé de quelques mois. J’avais eu cette naissance traumatisante et je ne faisais guère d’art et c’était un point mort pour moi. Et je pensais « Comment puis-je  nouveau recommencer l’art ? » J’essayais d’amener le bébé au studio et cela ne se passait pas. Mais le travail avec Coldplay semblait, tellement, tellement excitant que je pensais, je veux juste le faire. Je pense qu’il y a eu communication entre Fraser et Phil pendant un temps pendant l’hiver. Phil m’a contacté pour la première fois et il a commencé à me raconter les idées pour l’artwork.

Comment cela s’est passé ?
Oh il est un mec tellement artistique et nous avons eu de telles conversations cérébrales. J’ai vraiment apprécié la partie créative de tout cela. Nous avons commencé à sortir les premières idées. Et en fait même mon tout premier croquis que j’ai fait après que Phil m’ait décrit ce qu’ils voulaient était cette femme flottant dans le ciel/mer. Donc l’âme était déjà là. Mais nous étions encore loin de trouver vraiment.

Comment l’avez-vous trouvé ?
Eh bien, on a parlé à propos des idées avec Phil pendant quelques mois et puis au printemps je pense, ils ont dit « Voudrais-tu venir au studio et rencontrer le groupe ? » Donc je l’ai fait et ils ont été tellement agréables et accueillants et je me suis immédiatement sentie, « Oh, je vous veux juste pour amis ! » Et nous nous sommes assis autour d’une table et Chris a dit « Oh Mila, tu es tellement incroyablement talentueuse. » Et je rougissais en essayant d’en faire une blague. J’ai dit « Oh Chris, tu es aussi très talentueux ! » Mais il ne m’a pas chassé tout de suite, ce qui était un bon signe. Et puis nous avons commencé à discuter de tout.

Quel a été le point de départ de l’artwork ?
L’idée initiale de Chris était cette photo qu’il avait qu’il aimait depuis de nombreuses années de deux otaries sous l’eau. Et je peux voir pourquoi, parce qu’ils sont presque une métaphore d’une âme ou d’un humain dans un état d’esprit particulier. Alors il m’a montré cette photo et j’ai pensé que je devrais travailler autour de ça, qu’en fait il voulait une otarie sous l’eau et que j’aurais besoin de me mettre dans mon travail et que ce serait la couverture de l’album. Et j’ai travaillé et travaillé autour de ça.

Ce n’est pas la façon dont la couverture de l’album a fini, bien sûr.
Non. Le problème est, je n’ai jamais vraiment pris une commande avec succès. Je le ressentais un peu comme un mariage arrangé. Et j’ai pensé, « Oh, je veux que ce mariage arrangé arrive ! » Mais j’étais en train de tomber amoureuse, en quelque sorte. Je faisais tout pour essayer de leur plaire. J’ai produit un très grand nombre d’affreux croquis et ils avaient une essence de l’album déjà, mais tout n’était pas là. Et puis Fraser et Phil ont eu cette idée vraiment géniale quand ils ont dit simplement d’imprimer beaucoup de mon travail à grande échelle et de le mettre dans le studio de la Bakery.  Le studio s’est simplement transformé en une galerie de mon travail !

Ah oui, dans l’escalier et partout.
Oui ! Je pensais juste que c’était un acte étonnant de leur part. Ils ont pensé Ok, nous allons essayer et nous sommes prêts à adopter le travail de Mila. Et je pense que Chris en particulier regardait mon travail pendant longtemps, jusqu’à ce qu’il voit une pièce qui était un ange bleu avec deux ailes, et il a dit qu’il l’aimait vraiment et a demandé si les ailes pouvaient fonctionner toutes seules. J’ai dit qu’elles pourraient et j’ai imprimé seulement les ailes et quand on les a mises ensemble, elles ressemblaient à un cœur brisé. Et il a dit qu’il aimait vraiment ça. C’est comme ça que le bébé a été conçu.

Donc ce n’était pas conçu pour ressembler à un cœur brisé ? Cela s’est juste terminé de cette façon ?
Oui. Je pense que c’est probablement la meilleure chose à propos de l’art, y compris la musique, que vous suiviez une pensée et puis autre chose arrive, comme une intervention du ciel, et c’est à vous de le repérer. Chris l’a repéré. Donc c’était génial. Puis il me l’a remis et a dit, « Regarde, j’aime les ailes et je veux que tu fasses ce que tu juges le mieux ». Il me donnait une totale liberté d’être moi-même. Je me souviens qu’il a appelé de Los Angeles et je lui ai dit, « Oh Chris, es-tu sûr que tu ne veux pas un motif particulier ? » Et il était tellement magnanime et très intelligent et c’était un acte de compréhension de la façon dont l’art est fabriqué. Donc il m’a donné la liberté.

Comment avez-vous commencé ?
Eh bien, ils m’ont donné l’album avant qu’il ne soit partagé avec tout le monde. Donc c’était vraiment adorable de leur part. Je suis partie et j’avais ce modèle des ailes que j’avais dessiné et puis j’ai commencé à écouter l’album et j’ai juste dessiné directement sur les plaques des ailes.

Alors la couverture de l’album n’existait pas avant que vous n’écoutiez l’album ?
Exactement. C’est vraiment à propos de l’album. La gravure consiste à travailler sur des plaques de métal. Vous la couvrez de cire et vous travaillez dessus. Donc j’avais une aiguille et j’écoutais. Et c’était comme marcher dans cette salle sombre où Chris était en train de chanter. Et l’obscurité était la plaque et j’avais l’aiguille. Donc j’ai essayé de retracer ses sentiments. Et j’ai essayé de faire confiance à mon intuition. J’ai dessiné l’aile progressivement. J’ai terminé une aile entière, basée sur l’album entier. Il y avait quelque chose de chaque chanson.
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Donc si les gens regardent de près ils devraient être capables de dire de quelle chanson est telle partie ?
Oui, tout à fait. Et certaines images peuvent marcher pour deux, parce que je ressens comme si certaines chansons sont assez connectées. Et à ce moment-là A Sky Full Of Stars n’était pas sur l’album. Ça a été ajouté plus tard. Mais déjà cela apparaissait sur les ailes à travers une intervention divine, avec les étoiles. Et donc j’ai dessiné cette aile et l’ai envoyé à Phil et Chris et ils ont été charmants et ont dit « C’est super, c’est ce que l’on veut » et puis Phil a dit « Et où est l’autre aile ? » Et j’ai dit, « Quelle autre aile ? » et je pensais seulement que ce serait une image miroir de la même aile. Donc j’ai fait l’autre aile !

Avez-vous fait l’aile de gauche en premier ?
En fait, c’était l’aile droite. Mon dessin a commencé avec le couple qui est couché en dessus de la couverture d’étoiles. Puis j’ai dessiné l’homme qui marche avec les oiseaux, parce que la dernière chanson m’a immédiatement totalement captivée. Et aussi je dois dire que beaucoup de travail a été fait par la suite par Tappin et Gofton. Ils ont fait la direction artistique pour beaucoup de couvertures d’albums du groupe avant. Donc j’ai imprimé sur un métal basique et je leur ai donné beaucoup de choix à propos de la façon dont ils pourraient les imprimer et en fait c’était Mark et Simon de Tappin et Gofton qui ont présenté au groupe comment ils pensaient que les ailes devraient être placées. Donc c’était un grand remue-ménage. Et ils ont été géniaux avec moi. Avec beaucoup de soutien. Donc il y avait les ailes et leur arrière-plan – la mer- qui en fait est une très petite plaque gravée et les étoiles sont juste dessinées à la main, et puis tout a été rassemblé numériquement.

Donc les artworks de Magic et des autres ont suivi par la suite ?
Oui. Ils n’avaient pas du tout fait cette proposition dès le début. Je ne savais pas vraiment où on allait avec tout ça. Je ne savais pas jusqu’à la dernière minute que j’allais définitivement faire la couverture de l’album. Puis ils ont dit, « Nous aimons vraiment la couverture » et après ils ont dit qu’ils aimeraient vraiment voir quelques croquis pour Magic. Et j’ai dit, « Eh bien, je ne fais jamais de croquis » mais d’ici là je sentais déjà que grâce à l’expérience des ailes j’avais cette relation créative intime avec eux, donc j’étais prête à faire des croquis parce que je sentais que ce n’était plus seulement leur projet mais aussi mon bébé maintenant ! D’habitude je suis trop impatiente de faire des croquis – j’adore juste dessiner directement sur la plaque, parce que c’est plus amusant pour moi de voir ce qui vient – mais c’était quelque chose que j’ai fait de plus en plus quand nous avons continué.

Les détails sur Magic sont incroyables.
J’ai dessiné trois esquisses pour ça. Il y a un croquis qui comporte un magicien, mais le groupe a opté pour celui où il y a juste un couple. C’est plus poétique, je pense. Et puis je crois qu’il y a un vinyle avec Midnight, qui est en fait une gravure des trois otaries. Cela remonte à avant ailes quand je dessinais les otaries. C’était quand ils sont devenus un peu plus miens parce qu’ils transparents et qu’ils ne sont plus des otaries, ils sont ces structures, et une d’entre elles a un homme à l’intérieur, flottant.
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A un certain moment vous ont-ils dit qu’ils voulaient que vous fassiez tout l’artwork pour l’album entier ?
Cela a été graduel, vraiment. C’était comme une relation ! Tu penses, eh bien tout se passe bien, devrions-nous allez ensemble un peu plus loin ? Je sentais que j’appréciais vraiment cela. Je travaillais depuis la maison et c’était vraiment un travail intime à grande échelle. Je m’occupais de mon bébé et puis j’étais encore enceinte, et je ne pouvais pas voyager ou quoi que ce soit donc c’était mon temps « pour moi ». Je dessinais et d’une certaine façon ils m’aidaient vraiment à être mère. Parce qu’avoir un bébé, je n’ai jamais réalisé que le travail serait aussi dur ! Et j’avais besoin de quelque chose qui était moi et en fait toute cette aventure avec Coldplay a fini par être intimement moi.

C’est un bon petit projet à côté de la parentalité – de créer la couverture d’un album à succès dans le monde entier !
Je sais ! Je ne vous aurais pas cru si vous me l’aviez dit !

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