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Roadie #42 - Blog #90
Celui où #42 vie un scène de Pulp Fiction et rencontre Steve Jobs
Bonjour de Sacramento. Il fait plus que chaud ici, on se croirait dans un four. Nous arrivons en début de soirée et faisons ce que tout bon britannique fait quand il est confronté à un temps plus chaud que ‘couvert avec légère pluie’ — qui est, on se balade en tirant sur notre col en discutant de la température (au cas où personne n’aurait remarqué). Après quelques minutes de confusion tels des fourmies sous une loupe, on trouve une pièce climatisée sombre et attend que l’air refroidit un petit peu.
On était à San Francisco hier soir, donc c’était logique de venir ici aujourd’hui. Nous sommes montés à bord d’un autocar chic et nous nous sommes installés pour les deux heures et demie de route. Alors que nous étions sur l’autoroute qui passe sur le pont, le chauffeur a pris le micro et s’est présenté. Pour amuser tout le monde, il a ensuite commencé à faire une visite guidée, soulignant Alcatraz, le Golden Gate Bridge et ainsi de suite. Bon, quand vous voyagez pendant quelques heures chaque jour pendant près d’un an, la paix et la tranquillité est tout ce que vous recherchez. Bizarrement, un voyage de plus de deux heures est l’une des rares fois où vous êtes assis immobile pour un certain temps - bien qu’en roulant à 90km/h. C’est donc l’idéal pour se tenir au courant des mails, travailler ou discuter des tâches à venir.
Notre chauffeur a ensuite expliqué combien de temps il faudrait pour terminer le nouveau pont à côté de nous ainsi que les voies de navigation. L’horreur s’est lentement emparée de nous, qu’il allait probablement continuer ça durant tout le voyage.
Je ne sais pas s’il a senti que les gens préféreraient être au calme, ou s’il a aperçu Franksy dans son rétroviseur avec la tête dans les mains, en se cognant la tête sur le siège devant lui. Quoi qu’il en soit, la vue sur San Francisco a cédé la place au désert et le silence est revenu une fois de plus. Les ordinateurs portables ont été sortis, on a branché les écouteurs et tout allait bien à nouveau.
Le concert de ce soir est le quatrième sur cette partie de la tournée. Nous sommes tous à peu près habitués au décalage horaire et nous vivons comme si nous n’étions jamais partis. (Étant donné que notre temps à la maison était un peu plus d’une semaine, ce n’est pas surprenant…)
Alors, de quoi puis-je vraiment me rappeler que je peux partager avec vous? Comme toujours, les événements sont désordonnés et plus qu’un peu confus. Le reflet de l’expérience touristique…
Voyons voir, nous sortons de la salle de Portland, course habituelle pour éviter le trafic d’après concert. Le groupe a à peu près juste le temps de jeter leurs oreillettes retour avant de plonger dans les vans. Les vêtements de scène en sueur qu’ils portent encore doivent par contre être retournés sur les lieux pour que Tiff puisse les faire nettoyer pour le spectacle de demain. Pour cela, une voiture nous suit. Les gars se changent dans les voitures pendant que nous parcourons les rues avant que la foule ne quitte le spectacle.
Après une distance suffisante pour avoir une bonne longueur d’avance, nous nous arrêtons dans un parking. Il y a quelques enfants assis sur un banc au bord de la route. C’est impossible de ne pas se demander exactement à quoi cela ressemble pour eux : trois véhicules aux vitres tintées s’approchent à grande vitesse. D’un véhicule sort Kelly, qui ressemble à un mur de brique, de l’autre Geoff, chacun portant un grand sac de sport. Franksy, habillé en noir, avec un chapeau de maquereau, supervise pendant que les sacs sont jetés dans la voiture, puis les portes du van claquent à nouveau. Ça doit sembler très douteux.
Il y a une super scène dans Pulp Fiction où le personnage de Samuel L Jackson, Jules, est menacé d’une arme à feu et à qui on demande « Qu’y a-t-il dans le sac? ». Sa réponse: « Le linge sale de mon patron ». Je ne peux pas m’empêcher d’y repenser…
Je suis sûr que je ne suis pas le premier à s'enthousiasmer par la grande beauté de la salle Gorge dans l’État de Washington et je ne serai sans doute pas le dernier. Étant dans un désert, la chaleur était, sans surprise, intense. La vue, cependant, encore plus. La scène se trouve au-dessus d’une vallée fluviale naturelle et la zone pour le public s’incline dans un amphithéâtre naturel quelque peu accidenté. La vue, alors que le groupe commence à jouer et que le soleil se couche est à couper le souffle.
La nature « quelque peu accidentée » de l’aménagement du site ici est mise en évidence par le fait que le bord avant de la « pelouse » forme une petite falaise dentelée. La vue de la salle comble au début du spectacle ressemble à l’un de ces documentaires télé où il y a des milliers de pingouins blottis sur la banquise. Mais au lieu de geler dans l’Arctique, ces gens sont en short et en bikini, allongés sur des couvertures de pique-nique et s’imprégnant de la vue, du soleil et de la musique. Sans vouloir vous rendre jaloux, c’est difficile de ne pas se dire « ouais, ok, c’est un travail cool » quand vous sentez l’ambiance monter et le soleil se coucher…
Cela nous amène à la nuit dernière. Dans l’amphithéâtre Shoreline, juste à l’extérieur de San Francisco pour être précis. Je vais être honnête avec vous, la seule chose qui comptait pour moi ce soir était la présence d’un certain Steve Jobs. Je suis un adepte d’Apple et je ne peux vraiment pas imaginer faire le travail que je fais maintenant (ou même être arrivé là où je suis) sans mon Macbook Pro (et tous les Powerbooks qui l’ont précédé). Créer ces outils et les mettre entre les mains de gens comme moi était la vision de cet homme.
J’aperçois Steve en train de discuter avec le manager de Coldplay, Dave Holmes, à l’extérieur de la loge et soudain je me sens comme un ado. Pour avoir le culot de lui parler, j’ai bu un double expresso. Le mélange de caféine et le sentiment d’être un petit fanboy ringard fait que tout ce que je peux lui dire c’est « Merci beaucoup ». Je me rends compte que je passe pour un idiot et donc m’excuse aussi vite que je suis apparu.
Avec ça, j’ai tout d’un coup de la sympathie pour chaque enfant nerveux et excité qui serre la main aux membres du groupe lors d’une rencontre. Il est temps de cliquer sur ‘envoyer’ et de fermer l’ordinateur portable.
R#42