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Roadie #42 - Blog #153

Dans lequel la tête de # 42 se fait agrafer et Coldplay joue un merveilleux webcast live

J’ai d’abord réalisé que je m’étais fait un peu plus qu’une bosse sur ma tête quand j’ai tenu mon crâne à deux mains et qu’elles ont immédiatement été humides. En marchant à travers l’arène poussiéreuse vers la cantine à la recherche de serviettes en papier pour éponger le sang les yeux grands ouverts des autres qui me fixaient, accentuaient l’impression qu’il y avait quelque chose de vraiment très aiguisé collé sous la poutre que je n’avais pas tout à fait réussi à esquiver.

J’arrive à la cantine, attrape une poignée de serviettes en papier et les presse contre mon crane avec une main, nettoyant mon visage et mon cou avec l’autre. Graham Feast, notre très cher ingénieur-lumières m’attrape immédiatement par le bras et m’emmène dans le bureau de la production tout en informant via talkie-walkie Phil Sharp, son chef d’équipe, qu’il avait quelqu’un « blessé à la tête ici » et lui demandant de venir en renfort avec sa trousse de premiers secours.

Le producteur a une secouriste qui prend le contrôle et commence à me nettoyer. Elle essaye d’utiliser des Steri-strip mais me prévient que j’ai trop de cheveux pour qu’ils collent. Je tiens à préciser que je suis chauve depuis plusieurs années.

Mr Paul Normandale, l’étonnant type qui a imaginé le décor, la scène et les lumières au milieu desquels le groupe se produit s’assoie avec moi pendant qu’on termine mon pansement. Paul a été formé pendant sept ans pour devenir médecin, alors peut-être essaie-t-il de garder la main ? Il souligne, tout à fait raisonnablement, que nous sommes dans les entrailles d’une arène, je ne suis donc pas la première personne à saigner abondamment en ce lieu.

L’état embarrassant dans lequel je suis engendre une opération chirurgicale assez surréaliste, il faut le dire. Je suis assis sur une chaise en plastique dans un ancien couloir aux murs de pierres. Un chariot élévateur halète, en haut comme en bas à intervalles réguliers, crachant des vapeurs de diesel et remuant la poussière. L’équipe locale déambule en fumant une dernière cigarette et crie bruyamment dans une langue que je ne comprends pas.

Le médecin arrive et décide que des points de suture sont nécessaires, recommandant une excursion à l’hôpital. Le groupe est attendu dans dix minutes. « Pouvons-nous avoir les balances avant? » exigeai-je. Il n’y tient pas. Finalement, il cède et j’obtiens un ridicule bandage intégral autour de la tête pour essayer de me garder en « un seul morceau » pour une heure ou deux. Je mets ma capuche et me redirige vers la scène

20111106A(Photo avec la permission de Mr P.Normandale)

 
Une fois les balances terminées, je pars pour les urgences de Madrid. Le chauffeur du bureau du producteur reconnait que nous pourrions mettre un peu de temps et part donc chercher la fourgonnette. On m’appelle presque immédiatement et je commence à penser que le nom du groupe a peut-être été utilisé pour accélérer les choses. Mon impression se confirme lorsque je me dirige vers la salle de consultation et que toute les jolies, jeunes et probablement célibataires infirmières de l’hôpital arrivent pour s’entasser dans la pièce.

Elles sourient toutes de leur plus large sourire lorsque la porte s’ouvre avant d’avoir l’air terriblement déçues de me voir entrer tranquillement avec un bandage glissant sur ma tête. Le chauffeur me suit, entre ensuite un barbu jovial qui observe la scène avec des yeux écarquillés, avant de s’exclamer « Wow, je pense que j’ai dû également me faire mal à la tête, hein ? ». Il me tape l’épaule en riant. Je tousse et le reste du bandage se déroule.

Je suis informé qu’on ne me fera pas de points de suture. Ils semblent ne pas avoir la traduction anglaise pour ce qu’ils vont me faire. Finalement une des infirmières a un éclair de lucidité et farfouille dans un tiroir, en sort une agrafeuse et sourit.

Je souris un peu moins – puis encore moins quand ils me préviennent qu’ils n’utiliseront pas d’anesthésiant.

Huit agrafes plus tard, je quitte l’hôpital imaginant ce qu’il y aurait à diner.

Le concert lui-même, bien sûr, était une sacrée affaire. La retransmission en direct à travers le monde est un peu à la mode ces jours ci et je suis sûr que beaucoup d’entre vous ont vu quelle soirée c’était !

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Enfin, vous en aurez quand même vu la plus grande partie. Je suis amené à croire que la demande pour le concert était telle qu’en fait YouTube s’est arrêté plusieurs fois.

C’est toujours bon signe. Sur internet, c’est l’équivalent internet d’un concert en bas dans votre rue. D’une certaine façon, faire des choses en ligne peut donner l’impression de crier dans l’obscurité, demandant si il y a vraiment quelqu’un ici. Un bon crash venu d'une immense demande vous permet de savoir que le monde est vraiment intéressé après tout.

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La plupart des encouragements venait du fait que beaucoup des réactions les plus vives et les plus enthousiastes dans le public saluaient les nouvelles chansons. Ils chantaient bruyamment le long de Paradise et ils sautaient comme des dingues sur Charlie Brown. Etre comme le concert l’était, au lancement de l’album, c’est un très bon signe.

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Les bons signes continuent d’arriver. La semaine se poursuit avec un concert, pour la station Radio 1 de Norwich. Il était retransmit sur le net et cette fois encore la demande a saturé le serveur. Le spectacle de Norwich est une réussite inattendue. Tout le monde est épuisé mais il n’y a pas l’ombre d’un sentiment que maintenant que le gros lancement à Madrid est passé, il serait possible de relâcher un peu le rythme.

Le concert renforce ma conviction que les meilleurs nuits ne sont jamais celles que vous attendiez, elles sortent juste de nulle part et vous surprennent.

Nous poursuivons notre route à travers l’Europe pour encore deux ou trois concerts diffusés sur la toile et quelques apparitions télévisées. Je vais être honnête et dire que je commence à en avoir assez de tout cela. L’épuisement avant que la tournée n’ai officiellement commencée est une nouveauté chez moi, mais il est clair que c’est général.

Les gens tombent littéralement comme des mouches. Je parcours l’Europe avec des agrafes tenant ma plaie fermée ; Hoppy, le technicien guitare de Chris et un roadie de longue date au service de Coldplay s’est blessé pendant le concert à Norwich et est sur béquilles. (Un homme avec une cheville démise, appelé Hoppy – les gags s’écrivent d’eux même). La tournée d’hiver commence à être rodée, nous sommes complètement dans la phase d’endurance du lancement d’album.

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Le concert de Cologne passe dans un brouillard. La setlist passe à toute vitesse et nous nous retrouvons dans les rappels sans même que le groupe ai quitté la scène. Lorsqu’ils doivent quitter la scène, il est difficile de savoir s’ils vont revenir. Je suis près de la porte de derrière, prêt pour le trajet vers l’aéroport et Hoppy se joint à nous afin de rentrer à la maison pour recevoir des soins médicaux.

Soudain, ils décident d’y retourner. Apparemment, ils vont jouer Us Against The World et Every Teardrop. Je cavale vers les coulisses, en position pour voir Chris se tenir dans l’espace guitare de Hoppy, attendant une guitare. Etant donné que Hoppy se bat toujours avec la porte de derrière, il est clair qu’il ne viendra pas.

Chris file s’assoir sur le tabouret de piano et se lance dans une version totalement acoustique de Speed Of Sound. Je n’ai aucune idée d’où il est allé chercher cela, mais pour un rappel improvisé cela marche plutôt à merveille.

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Comme il a été largement rapporté, durant l’enregistrement de l’album, Brian Eno a présenté au groupe un ensemble de “commandements” afin que son influence se fasse ressentir même les jours où il avait quelque chose de plus intéressant à faire.
L’un d’eux qui me correspond bien fait « Quand quelque chose est bien, il devrait être torturé sans pitié jusqu’à ce qu’il devienne quelque chose d’excellent ou meure. » C’est difficile d’échapper à la sensation que le planning a été conçu dans cet état d’esprit.
J’espère que nous allons devenir brilliant. Je ne suis pas très attiré par l’autre alternative.
 
R42

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