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Epiphane
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[Q Magasine] comment reconstruire votre vie [2/2]

Chris Martin ne semble pas quelqu’un de tourmenté par son côté obscure, mais son divorce d’avec Gwyneth Paltrow a embarqué Coldplay dans un détour introspectif. Niall Doherty a passé six mois a esquivé les copains célèbres de Martin à New York et Londres pour savoir comment lui et sa bande ont retrouvé leur rythme.

Mi-octobre, nord de Londres. Coldplay ont fini l’album. C’est leur album le plus enjoué à ce jour et la production Stargate ajoute un élan à leurs sensibilités pop, leurs styles se heurtant parfaitement sur le groove jubilant d’Adventure Of A Lifetime. Il y a une abondance d’invités sur l’album, de Noel Gallagher à Beyoncé ainsi que les enfants et les mères du groupe. Assis dans le quartier général de Coldplay ‘The Bakery’, Martin est rayonnant. « Je me sens tellement béni, je suis dans un groupe que j’aime vraiment, » dit-il. « Je n’ai jamais été capable de dire ça avant. » Coldplay est vraiment un endroit heureux en ce moment. Au photoshoot de Q un jour avant, ils étaient frivoles et gloussaient, comme quatre vieux amis sur le point d’aller en vacances en camping ensemble. Aujourd’hui, Martin a demandé la compagnie de Q pour une promenade à travers Londres. « Met des chaussures confortables, » est la directive, « nous allons marcher à un bon rythme ».

Nous quittons ‘The Bakery’, et son buzz de réunions et de plans de tournée, en direction du sud en passant par Primrose Hill. Martin adore une bonne marche. Il marche même à Los Angeles, « une personne sur trois fait cela. » Il apprécie le fait que tu peux voir ce qu’il se passe et qui est aux environs quand tu es à pieds. Martin fait tellement d’aller-retours entre Londres et Los Angeles qu’il ne pense pas avoir abandonné le Royaume-Uni. « Où que soit vos enfants, vous faites en sorte que cela fonctionne, » dit-il. « Si leur mère avait dit, on va déménager à Abu Dhabi, alors j'aurais été à Abu Dhabi. »

Martin et Paltrow se sont en fait séparés deux ans avant leur annonce officielle, mais cela se ressentait comme s’il se mettait inutilement sous les feux des projecteurs en sortant Ghost Stories peu de temps après. « Cela ne me dérange pas, » dit-il. « L’ensemble de ce parcours est d’être confortable tout en étant en première ligne. » La rupture a été un catalyseur pour lui et lui a fait se demander ce qu’il avait besoin de changer dans sa vie. « Toute rupture est triste, surtout lorsqu’il y a des enfants impliqués. Mais si vous êtes assez chanceux d’avoir de bonnes personnes autour de vous, vous pouvez le transformer en une bénédiction plutôt qu’une guerre, tu vois ce que je veux dire ? »

Martin parle souvent de bénédictions et de se sentir béni. Il y a quatre ans il luttait pour faire face aux répercussions de la rupture quand il a été présenté à ‘The Guesthouse’, un poème du 13ème siècle de l’intellectuel perse Rumi. Il a été séduit par le concept, qui était que peu importe ce qu’il se passe, tu fais avec et une bénédiction arrive. C’est ce qui a inspiré sa décision d’écrire sur Ghost Stories à propos de sa rupture, un changement de vie qui plane toujours sur les chansons d’A Head Full Of Dreams. ‘The Guesthouse’ est présent sur une chanson appelée Kaleidoscope sur le nouvel album, lu par l’interprète de Rumi Coleman Banks.

Il y a une autre chanson sur A Head Full Of Dreams, qui s’appelle Everglow. C’est une ballade dans le moule classique de Coldplay, et c’est à propos de retenir la chaleur du passé même après que quelque chose de mauvais soit arrivé. C’est bien évidemment influencé par la rupture, et c’est possiblement aussi la seule chanson de rupture de l’histoire où l'on retrouve l’ex-moitié sur les chœurs. Paltrow chante deux lignes dessus. « Everglow a débuté avec l’idée que quand quelque chose de fou t’arrives, c’est bizarre que le monde continue de tourner, » dit Martin alors que nous entrons dans le parc de Primrose Hill et que retentit une sirène qui passe. « J’aime l’idée qu’à la fin de la plupart des choses, il y a quelque chose de bon à en tirer. » Martin a trouvé le concept de Paltrow, et elle chante les lignes qu’elle lui a dit à l’origine : « How come things move on ? How come cars don’t slow ». (« Comment passer à autre chose ? Pourquoi les voitures ne ralentissent pas ? ») « Elle a eu cette idée donc j’ai dit, ‘est-ce qu’il y aurait une chance que tu chantes cette ligne parce que c’est ton idée ?’ Comme chaque humain, elle disait ‘Je ne peux pas faire ça ! Je ne suis pas une professionnelle !’. »

On s’arrête pour admirer la vue du haut de Primrose Hill. « Londres est incroyable n’est-ce pas ? » dit Martin, et puis nous nous dirigeons vers le bas de l’autre côté vers Regent’s Park. Le titre A Head Full Of Dreams plait au chanteur sur beaucoup de différents niveaux. Il adore son aspect écrit, et il est débordant de rêves. Il a toujours eu un rêve depuis des années, où Thom Yorke ne veut pas trainer avec lui. Ses rêves ont tendance à être effrayants ou incroyables. Les rêves sont ce qui pousse l’humanité vers l’avant, dit-il. « Tu peux tout faire ! A part gagner X Factor deux fois, ça je pense que c’est impossible. »

C’est difficile d’imaginer Martin accepter que rien n’est impossible. C’est sa constante urgence de toujours réinventer qui maintient Coldplay pertinent. Il n’y a pas d’autre groupe sur la planète qui pourrait avoir une chanson comprenant Noel Gallagher en guitare principale, Beyoncé sur les chœurs et Stargate la produisant, telle que la chanson finale de l’album Up & Up le fait. Coldplay sont le pont entre les mondes musicaux. « C’était presque comme si on a traversé ces choses que les gens disent, ‘tu es une merde’ ou autre, plus on était, ‘On s’en fout alors, nous allons nous faire autant plaisir que possible, » dit Martin. « J’aime sincèrement Oasis and j’aime aussi sincèrement Beyoncé. Mon corps ressent le même plaisir. Si tu aimes différents types de musique, c’est ok de le dire. » Il se demande si le monde devient de plus en plus ouvert citant en exemple la réaction à propos de la star de TV américaine Bruce Jenner devenant Caitlyn. « Cela n’aurait sûrement pas eu lieu il y a 100 ans, » dit-il.

Nous sommes à mi-chemin à travers Regent’s Park, et soudain un passant laisse échapper un cri d’excitation. « OH MY GOD ! » Jose de Madrid serre la main de Chris Martin. « Grand fan ! Je vous ai vu à Madrid ! Oh mec, vous avez fait ma journée ! » Martin pose pour une photo et nous continuons. Il n’a jamais envié de devenir célèbre. Il se sent normal. En outre, une fois il a pris le métro avec Jay Z, « ce qui est de la folie, parce qu’il est clairement Jay Z. » Très souvent, les gens lui disent qu’ils ressemblent un peu à Chris Martin. Récemment, il était dans un ascenseur à New York fredonnant pour lui-même et une femme lui a dit, « Etes-vous en train de fredonner une chanson de Coldplay ? Parce que vous ressemblez un peu à ce gars. Je suis sûre que si vous faites ça dans un restaurant vous aurez la meilleure table. » « Peut-être que j’essaierai, » a répondu Martin.

Nous continuons de marcher, passons la mare aux canards, et Martin appelle Apple et Moses pour leur dire bonjour alors qu’ils sont sur le chemin de l’école. Nous traversons Marylebone Road, marchons alors que les lumières sont sur le point de changer. Le temps autour de 2008 et Viva La Vida a sauvé Coldplay. C’est quand ils ont déménagé dans ‘The Bakery’ et ont tout fait en interne. Cela a éclairé tout ce qu’ils ont fait depuis. Ils ont appris de U2 que si vous restez ensemble comme un gang, tu peux faire ton chemin. La seule fois où le groupe a été en réel danger est quand ils ont viré temporairement Champion en 1999. « Cela aurait été la fin, car on aurait fait foiré l’alchimie, » dit-il.

En bas d’Oxford Street, Martin repère un gars jouant de l’accordéon. « Tu dois toujours récompenser un musicien des rues, » dit-il, « c’est un de mes commandements. » Il sort un billet de 20 livres et le met dans son pot. « Jouer dans la rue est vraiment génial. Comme les graffitis. Pourquoi les gens n’aiment pas les graffitis ? » Nous atteignons notre destination, un studio où il rencontre Ricky Gervais pour discuter d’un projet à venir. Il se frotte le ventre quand on approche la porte. « Je n’ai pas mangé aujourd’hui, » dit-il. Il fait un jeûne en ce moment pour protéger sa voix. Il a aussi à peine mangé le jour d’avant. Il remarque mon regard inquiet. « Je n’ai pas besoin de manger ! J’ai le pouvoir d’un nouvel album en moi ! » Il insiste pour que Q entre pour dire bonjour. Martin fait les présentations et Gervais glousse déjà au loin. La paire doit se mettre au travail et Q les laisse faire.

Quelques jours plus tard, Martin est à la cérémonie des Q Awards pour présenter le meilleur album à Noel Gallagher. Il ne veut pas prendre place à sa table assignée, donc il s’assoit sur le sol au fond de la salle pour regarder, un bonnet vissé sur sa tête. Il voit Mark Ronson. « Est-ce que tu pourrais stp aller chercher Mark pour moi, j’ai besoin de lui poser une question à propos de musique, » dit-il à Arlene Moon, une des membres de l’équipe de management de Coldplay. Ronson est appelé. Son devoir accompli, Martin choisit de ne pas rester. Il retourne à Los Angeles dans la matinée et il y a encore beaucoup de choses à faire. « Notre voiture est par ici, » lui dit Moon. « Tu sais quoi, je pense que je vais marcher, » dit-il. Après ça, il bat le trottoir à nouveau, pour voir ce qu’il se passe, qui est là, une autre ballade pour la superstar de soft-rock comptant ses bénédictions. Si vous apercevez quelqu’un arpenter les rues qui ressemble un peu à Chris Martin, dites-lui : n’abandone jamais.

« J’aime vraiment Oasis et j’aime aussi vraiment Beyoncé. Mon corps ressent le même plaisir. » Chris Martin

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